Les dispositifs Starlink, censés faciliter l’accès à Internet dans des zones reculées, sont devenus une source de revenus douteux pour certains douaniers aux frontières du Niger. Selon des témoignages concordants, des pratiques de taxation excessive et répétée sont imposées aux utilisateurs.
Dan Issa : entre confiscation et négociation
À la brigade de douane de Dan Issa, dans la région de Maradi, les agents confisquent régulièrement les kits Starlink sous prétexte d’absence d’autorisation officielle. La phrase récurrente : « Nous ne sommes pas informés de l’autorisation par l’autorité compétente », justifie ces saisies. Cependant, ces actions donnent souvent lieu à des négociations où l’objectif principal des douaniers semble être l’enrichissement personnel et, dans une moindre mesure, celui de l’État, selon une source anonyme.
Les douaniers considèrent que quiconque achète un kit Starlink est forcément riche, justifiant ainsi les taxes disproportionnées imposées.
Agadez : le système de taxation en cascade
Dans la région d’Agadez, les brigades mobiles emploient une autre stratégie : multiplier les contrôles et les prélèvements aux différents postes douaniers. Lorsqu’un agent détecte un kit Starlink, il alerte ses collègues pour qu’ils imposent à leur tour des taxes, souvent sans base légale.
Les montants exigés peuvent atteindre 200 000 francs CFA par kit, une somme conséquente pour les citoyens et les entreprises locales. Ces pratiques laissent entrevoir l’existence d’un système organisé impliquant des complicités potentielles au sein du gouvernement et des services douaniers.
Aéroports : des zones de flou réglementaire
Même dans les infrastructures aéroportuaires, la réglementation entourant l’importation des kits Starlink reste floue. Récemment, un dispositif en provenance d’Europe a été intercepté par des agents, accentuant les interrogations sur la transparence des pratiques.
Une course à l’enrichissement entre régions
Les enquêtes révèlent que ces abus sont souvent alimentés par une compétition informelle entre directeurs régionaux des douanes. Chaque nouveau responsable met en place un système pour maximiser les prélèvements, parfois en contournant l’administration centrale, et en achetant les consciences nécessaires.
Quelles solutions pour les citoyens ?
Face à ces abus, la population est encouragée à :
• Documenter les pratiques abusives en prenant des photos des agents impliqués.
• Déposer plainte auprès de la COLDEFF, organisme en charge de la lutte contre les fraudes et les abus dans le secteur public.
Les citoyens appellent également à une intervention rapide du gouvernement pour clarifier la réglementation sur les dispositifs Starlink et mettre fin à ces pratiques abusives.
Malgré ces obstacles, la jeunesse nigérienne reste déterminée à utiliser ces technologies pour travailler et bâtir un avenir meilleur.
Par Mouhtar Laouali
Service Enquête