L’après Issoufou Mahamadou : Pour le Niger et pour le monde entier partie 2

Issoufou Mahamadou en 1974 dans sa chambre d’étudiant à université Abdou Moumouni

Le besoin de chercher l’identité nationale des élites politiques du Niger


Depuis 1960, le projet des premiers dirigeants du Niger visait à transformer la gouvernance, souvent fondée sur une typologie raciale établie par les colonisateurs (Abadié, 1927 : 112 ; 116-117 ; 126 ; 169 ; 175 et 186).

Le but était de conquérir l’indépendance politique, de consolider l’identité nationale, de maintenir les infrastructures, et de renforcer une identité nationale à travers un retour d’élites qui mèneraient leur révolution pour le peuple nigérien.


La lutte d’Issoufou Mahamadou se caractérise par un besoin constant de stabiliser le Niger par tous les moyens. Selon nos analyses, la structuration du Niger et des Nigériens doit d’abord se faire dans la stabilité, ce qui est le seul garant de la continuité dans un État fort. En réalité, bien qu’Issoufou Mahamadou ait condamné le coup d’État du 26 juillet, il voit un avantage stratégique pour le Niger dans cet événement. Depuis 2017, les études menées sur cet acteur montrent une parfaite maîtrise de la gouvernance. Ce coup d’État, mené par son ancien garde présidentiel, doit être vu comme un projet d’une nouvelle histoire pour le Niger : une revanche des élites nigériennes contre une histoire qu’elles n’ont jamais pu maîtriser dans la lutte pour l’indépendance.

Nos enquêtes révèlent qu’Issoufou Mahamadou, confiant en la situation, a contribué à apaiser la crise politique de son parti en juillet 2023, au prix de devenir l’ennemi public numéro un de la France et d’autres pays, qui le considèrent encore aujourd’hui comme la tête pensante de ce coup d’État. Pour le salut public de l’État du Niger, il est prêt à tout, utilisant son influence et ses ressources pour réaliser la vision qu’il a pour le pays. Les discours d’Issoufou Mahamadou cachent des mystères et des préparations pour un nouvel État, un projet qui n’a jamais été compris ni par ses pairs, ni par les élites du Niger, ni même par le peuple nigérien. Dans ces discours, on retrouve souvent des termes comme « sacrifice », « travail collectif », « la mise en œuvre sera encore plus difficile et complexe », ou encore « détermination » et « résilience ». Son combat se concentre sur une seule chose : « l’après Issoufou Mahamadou, pour le Niger et pour le monde entier ».

La lutte pour un Niger nouveau ! l’ancien président du Niger Issoufou Mahamadou et Mahamadou . L’actuel président du parti déchu Foumakoye Gado actuellement en prison

Ses réalisations pour le Niger de 2011 à 2021 :

Huit axes ont été mis en œuvre pour le Niger nouveau. Parmi ces axes, on peut citer :

  1. Promouvoir la renaissance culturelle
    Le président Issoufou a cherché à promouvoir la construction d’une société juste et solidaire, tout en favorisant l’émergence de citoyens responsables. L’objectif de cette vision était d’adopter des orientations de modernisation sociale, politique et économique. L’idée était de former de nouveaux citoyens capables de défendre leurs cultures et de combattre les antivaleurs, dans le but d’atteindre un changement des mentalités au sein des différentes couches sociales. Cela inclut la modernisation sociale, la cohésion sociale, l’unité nationale, la justice et l’équité.
    En ce qui concerne la modernisation politique, le gouvernement a mis en place « des rapports semestriels et annuels sur la performance de l’action gouvernementale » et l’élaboration des bilans annuels des engagements du président de la République dans le Programme de Renaissance pour la période 2011-2020. Ce suivi visait à assurer la transparence et la responsabilité du gouvernement dans la mise en œuvre de ses projets.
    La lutte contre la corruption a été une priorité : la création de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la mise en place d’une ligne verte pour dénoncer les comportements frauduleux, et la séparation des rôles du procureur, du juge d’instruction et du président des tribunaux d’instance ont permis de lutter contre le népotisme et les fraudes. Ce système de contrôle a permis de réduire le népotisme, avec des concours publics plus transparents et une meilleure dénonciation des comportements non responsables par les citoyens.
    L’objectif était également d’amener les acteurs politiques et la population à se comporter de manière plus responsable et à mettre fin à l’ethnocentrisme et au régionalisme. Toutefois, il est à noter que la dernière élection présidentielle a été marquée par des accusations de racisme.
  2. Poursuivre la consolidation des institutions démocratiques
    Issoufou Mahamadou a œuvré pour renforcer les institutions démocratiques, en particulier dans le domaine de la justice et des droits humains. Lors de son départ du pouvoir, il a délégué plusieurs institutions importantes pour garantir l’accessibilité à la justice et renforcer l’État de droit, telles que l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire (ANAJJ), l’École de Formation Judiciaire du Niger (EFJN), et plusieurs autres organismes liés à la justice, comme l’Agence Centrale de Gestion des Saisies, des Confiscations, des Gels et des Recouvrements d’Avoirs (ACGSCGRA) et l’Agence Nationale des Alternatives à l’Incarcération et de la Réinsertion (ANAIR).

En outre, des efforts ont été faits pour amener la justice plus près du peuple avec la création de plusieurs tribunaux d’instance dans des régions éloignées (Banibangou, Falmey, Ingall, Tassara, Ayorou, Belbedji, Iférouane, Tillia et Torodi) et la construction de nouvelles maisons d’arrêt (Ayorou, Belbedji, Iférouane, Tillia, Torodi, Loga, Madarounfa, Aguié et Dakoro). Trois centres d’accueil pour enfants en conflit avec la loi ont également été établis, deux à Niamey et un à Tahoua. La construction de l’infirmerie à la maison d’arrêt de Niamey a aussi été une avancée dans l’amélioration des conditions de détention.


Son bilan met également en évidence des économies substantielles réalisées dans le secteur éducatif, notamment avec la détection de plus de 2 000 enseignants contractuels fictifs, permettant d’économiser plus de 3 milliards de FCFA sur le budget de l’État. La bancarisation des salaires des enseignants en 2018 a permis de réaliser d’autres économies importantes.

  1. Assurer la sécurité et la protection des biens

Pour garantir la sécurité du pays, des recrutements ont été faits dans tous les corps des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), ce qui a permis de doubler leur nombre pendant cette période. Des formations continues ont également été organisées pour améliorer leurs compétences. Une école militaire a été créée pour former les officiers de haut niveau.
Les FDS ont reçu de nouveaux équipements, tels que des véhicules, du matériel militaire et des avions. En plus, la flotte aérienne existante a été remise en état. Des infrastructures ont été construites, comme des commissariats de police, des postes de sécurité aux frontières, ainsi que des unités de la Gendarmerie Nationale et de protection civile. Le renforcement des capacités du Commandement des Opérations Spéciales (COS) a permis d’assurer une meilleure couverture du pays.
Des logements sociaux ont été construits pour les FDS, et un fonds spécial appelé WAQF a été mis en place pour aider les orphelins et les veuves des militaires tombés au combat. Un monument a aussi été construit à Niamey pour rendre hommage aux militaires morts au front.

  1. Garantir l’accès à l’eau pour tous

De 2011 à 2020, environ sept millions de personnes ont eu accès à l’eau potable grâce aux investissements dans l’hydraulique rurale. Un total de 7 064 ouvrages hydrauliques ont été construits et plusieurs autres ont été réhabilités. En ville, la population ayant accès à l’eau a doublé, passant de 1,9 million en 2010 à 3,9 millions en 2020, avec une croissance annuelle de 7,5 %.

Pour l’assainissement, 114 843 latrines familiales ont été construites pour les ménages, et 10 151 latrines publiques ont été installées dans des écoles, des centres de santé et d’autres lieux publics. Ces réalisations ont permis à environ un million de personnes d’avoir accès aux latrines dans les foyers et à 2,5 millions de personnes dans les espaces publics.

  1. Assurer la sécurité alimentaire à travers l’I3N

Pour garantir la sécurité alimentaire, plusieurs actions ont été entreprises, notamment la construction et la réhabilitation de 40 barrages et l’aménagement de 145 mares pour la mobilisation de l’eau. De plus, 5 214 hectares ont été aménagés pour l’agriculture, et 24 807 hectares ont été réhabilités pour la petite irrigation. Le volume d’eau mobilisé a atteint 349,9 millions de mètres cubes en 2020.
Concernant l’irrigation, la surface de terres irriguées est passée de 169 166 tonnes d’équivalent céréalier en 2011 à 1 032 023 tonnes en 2020. La production céréalière a également fortement augmenté, atteignant 5 527 026 tonnes en 2020 contre 3 628 928 tonnes en 2011. La production de lait a aussi progressé, passant de 969 754 tonnes en 2011 à 1 466 954 tonnes en 2020, avec un taux de croissance annuel moyen de 4,7 %.
Des plans de soutien ont été mis en place pour aider les populations vulnérables, avec un budget total de plus de 2 000 milliards de FCFA sur la période 2011-2020.

  1. Développer des infrastructures de communication et énergétiques

Dans le cadre du Programme de Renaissance, plusieurs infrastructures ont été développées pour améliorer la connectivité et l’accès à l’énergie :
• 1 223,66 km de routes bitumées ont été construites, faisant passer le total des routes bitumées de 3 952 km en 2010 à 5 175,66 km en 2020.
• 862,25 km de routes bitumées ont été réhabilitées.
• 2 448,28 km de routes rurales ont été construites et 493 km réhabilités pour améliorer l’accès aux zones difficiles.
• Trois échangeurs ont été construits à Niamey pour améliorer la mobilité urbaine, et deux grands ouvrages ont été réalisés sur le fleuve Niger.
• Un Fonds d’Entretien Routier a été créé, ainsi qu’une agence de maîtrise d’ouvrage pour l’entretien des routes.
Issoufou Mahamadou a pris exemple sur ses prédécesseurs, notamment Hamani Diori et Kountché, qui ont toujours milité pour le développement des infrastructures du pays.

Exemples d’aménagement et de bitumage de routes :

  1. Route Goudel-Tondibia-Tonditchirey-Boulevard Askia Mohamed
  2. Boulevard Tanimoune à Niamey
  3. Route Niamey-Farié
  4. Route Filingué-Abala-Sanam
  5. Route Balleyara-Loga
  6. Route Moujia-Illéla-Badaguichiri
  7. Route Tchadoua-Mayahi
  8. Route Maradi-Madarounfa-Frontière du Nigéria (en cours)
  9. Route Arlit-Assamaka-Frontière Algérie (en cours)
  10. Route Illéla-Bagaroua et bretelles
  11. Route Madaoua-Bouza-Tamaské, voie express Aéroport Diori Hamani-Centre-ville Niamey
  12. Voiries urbaines dans le cadre des fêtes tournantes du 18 Décembre (Dosso Sogha, Maradi Kolliya, Agadez Sokni, Tahoua Sakola, Zinder Saboua, Tillabéri Tchandallo et Diffa N’Glaa)

Réhabilitation :
• Route Balleyara-Filingué
• Route Bella II-Gaya (en cours)
• Route Tsernaoua-Madaoua-Guidan Roumdji
• Route Zinder-Guidimouni-Musari
• Route Zinder-Magaria-Frontière Nigéria
• Route Agadez-Tiguidit
• Route Zinder-Tanout (en cours)
• Route Tahoua-Arlit (tronçon Ingall-Agadez en cours)
Autres projets d’infrastructures lancés :


• Aménagement et bitumage : Route Yaya-Dan Gona (67 km), Diffa-N’Guigmi-frontière Tchad (182 km), et d’autres projets dans les villes de Diffa, N’Guigmi et Maine Soroa.


• Construction de routes rurales, telles que la route Loga-Doutchi, la route RTA section Agadez-Arlit, et bien d’autres.

Pour Niamey, la capitale, Issoufou Mahamadou laisse plusieurs projets importants :

  1. Trois échangeurs (Boulevard Mali-Béro, Rond-Point des Martyrs et Diori Hamani)
  2. Deux ponts importants, dont le 3e pont sur le fleuve Niger (Pont Seyni Kountché) et le Pont Djibo Bakari à Farié
  3. La voie ferrée Niamey-Dosso
  4. La construction de l’échangeur Ali Saibou

Transport aérien :

Lors d’une visite à l’aéroport de Niamey, Issoufou Mahamadou a demandé au directeur de l’époque : « Comment puis-je vous aider ? ». L’état de l’aéroport était très mauvais, ce qui a poussé le gouvernement à entamer des négociations pour sa rénovation. Le Niger ne pouvait pas financer seul ce projet coûteux, surtout avec le faible nombre de connexions aériennes. Grâce à des négociations avec la société turque Summa, l’aéroport a été rénové, tout comme ceux de Zinder, Agadez, Tahoua, Maradi et Diffa. De plus, la région de Tillabéry a maintenant un aéroport.


Toutes ces initiatives visent à moderniser le pays et à améliorer les conditions de vie des citoyens, en particulier à travers l’amélioration des infrastructures de transport et d’énergie.

À la prochaine pour la suite

Mouhtar Laouali

Auteur , technicien en informatique

Attention : Toute reproduction de ces écrits sont soumises à une réglementation. Ce sont des extraits d’un prochain projet qui arrive et tout utilisation doit mentionner l’auteur.

Mot de l’auteur :

Dans cet article, l’objectif est d’expliquer les acquis obtenus par les différents régimes du Niger. Il est essentiel pour l’avenir du pays de mettre en lumière ces éléments, afin de construire le Niger que nous souhaitons tous. Ce Niger idéal serait un pays sans haine, sans division, sans régionalisme, sans ethnocentrisme, sans népotisme et, surtout, un Niger qui sait pardonner et établir la nouvelle République de demain.


En rédigeant ce premier numéro sur l’histoire contemporaine du Niger, je tiens à présenter mes excuses à ceux qui pourraient se sentir offensés par certains termes employés. Selon la logique historique, ce premier numéro aurait dû commencer par Hamani Diori, l’un des premiers dirigeants choisis par la France. Toutefois, j’ai choisi de débuter par le neuvième président évolué du Niger, Issoufou Mahamadou, en mettant l’accent sur ses réalisations et ses objectifs pour l’avenir, tant pour le Niger que pour le monde.

Ce message s’adresse à vous, futurs présidents du Niger : n’oubliez jamais une chose. La sauvegarde du Niger se mesure à travers la stabilité institutionnelle. Chaque acte que vous poserez sur le Niger aura des conséquences énormes sur l’histoire que vous vous apprêtez à écrire. La force du Niger, c’est l’union de ses fils !


À travers cette analyse critique, je vous souhaite une bonne lecture.

Mouhtar Laouali

Documentation

Mouhtar Laouali

Klaas van Walraen

Mes ainés André Salifou , Djibo Hamani , des lecteurs de Mamoudou Djibo etc…. À tous ces historiens Nigériens qui pensent à nous laisser quelques choses.

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