La scène politique du Niger est marquée par des intérêts politiques et militaires qu’il faut structurellement défendre de manière continue. En effet, le peuple nigérien a souvent privilégié le pouvoir militaire, même s’il est controversé, en raison d’une tradition ancrée de retour des forces armées à la tête de l’État. Cette situation est le fruit de la colonisation, où le Niger a été colonisé par une centaine d’hommes qui assuraient diverses fonctions, de l’administration à l’anthropologie. En effet, dans leur lutte pour le pouvoir, les évolués de 1940 à 1990 ont joué un rôle déterminant dans l’évolution du pays. La construction du Niger est marquée par sa complexité, due à l’influence de liens profonds avec les pays voisins et aux divergences culturelles. Ces différences entravent la stabilité du pays et rendent difficile l’établissement d’une vision nationale unifiée. Les liens familiaux et les rumeurs diffusées dans les rues contribuent à brouiller l’identité politique du peuple nigérien.
La France a joué un rôle dans l’effacement de la première révolution dirigée par Djibo Bakary entre 1946 et 1958. L’équipe du général de Gaulle s’est efforcée d’empêcher Bakary, qui voulait un Niger moins soumis aux influences extérieures, d’accéder au pouvoir.
L’histoire montre que l’État nigérien est perçu de manière différente par sa population. Le général Seyni Kountché, premier militaire à prendre le pouvoir, est souvent considéré comme un réformateur. Cependant, son régime fut autoritaire et non démocratique jusqu’à 1983, lorsqu’il instaura le poste de Premier ministre, attribué à M. Oumarou Mamane. Cette période était marquée par la faible crédibilité de l’opposition politique et l’influence prépondérante de l’armée se fait à chaque division entre les élites poltiques et la population. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est le président civil Hamani Diori qui initia l’unification du peuple nigérien. Diori, dès son accession au pouvoir, s’efforça de renforcer l’ancrage des différents groupes ethniques au sein de la communauté nationale en analysant les difficultés d’unification des pays voisins. Le Niger, entouré de voisins partageant des similarités culturelles et linguistiques, doit naviguer dans cette diversité complexe. Il faut le préciser , l’état est une continuité et jusqu’à aujourd’hui , nous vivions sur des projets des anciens présidents du Niger.
Le cas du Niger : Données démographiques
- Haoussas : 55,4 % de la population, près du nord du Nigeria.
- Zarmas-Songhaïs : 22,4 %, dans l’ouest du pays.
- Touaregs : 11 %.
- Peuls : 6,5 %, présents surtout dans la région de Tillabéri.
- Kanouris : 4,2 %, surtout dans le sud-est.
- Gourmantchés : 0,3 %, dans le sud-ouest.
- Toubous : 0,8 %, à l’est.
- Arabes : 0,4 %, surtout dans l’est et le nord, à Niamey.
- Boudoumas : présents au lac Tchad.
(Source : Niger Infos, actualisation possible requise)
Le Niger, dernière colonie créée en Afrique de l’Ouest par l’AOF, a vu l’émergence des évolués civils et militaires de 1960, conscients de la nécessité d’une union nationale. Le président Diori a lancé plusieurs initiatives pour renforcer la présence du Niger sur la scène internationale :
- Rôle dans la création de l’Organisation Commune Africaine et Malgache (1966).
- Francophonie fondée à Niamey en 1969.
- Plan triennal en 1961.
- Création de la Banque de développement de la République du Niger (BDRN) en 1961.
Selon Mahaman Malam Issa, le régime a créé une cinquantaine d’entreprises publiques, dont Copro-Niger et la Sonara en 1962. On peut également citer la Sotramill à Zinder et la Société de brasserie du Niger.De même, cette période fut cependant marquée par la corruption et des dysfonctionnements. Un rapport de 1962 indique que l’épouse de Diori avait débloqué 120 millions de francs CFA pour la construction d’un hôtel, complété par 2,4 millions pour l’achat de terres. Le « Grand Hôtel » de Terminus devint un symbole de l’enrichissement inexpliqué des élites. (Mouhtar Laouali « la démocratie des évolués du Niger , Paris , 2024)
In fine, les historiens nigériens ont des interprétations variées de cette époque. L’histoire reste marquée par la lutte entre le général Kountché, qui aspirait à un Niger fort et autoritaire, et Diori, qui œuvra pour une reconnaissance internationale. Cette lutte a laissé un peuple qui peine encore à sortir de la pauvreté et à se forger un avenir. Dans l’époque moderne de la continuité de la politique du Niger, la scène est dominée par deux figures majeures qui ont façonné l’image du pays et ont adopté la démocratie comme symbole de différence et d’unité nationale. Il s’agit de l’ancien président Issoufou Mahamadou, qui a réussi à accéder au pouvoir et à établir une politique marquée par la rigueur et l’objectif de modernisation à travers des projets d’infrastructure ambitieux et un renforcement de la crédibilité politique sur la scène nationale et internationale. Face à lui, son adversaire notoire, feu Hama Amadou (décédé le 23 octobre 2024), Premier ministre sous la cohabitation durant le régime du président Tandja et ancien président de l’Assemblée nationale. Malgré leurs divergences, ces deux hommes ont reconnu et accepté leurs combats respectifs ainsi que leurs visions distinctes de l’État.
Il est important de mentionner Hama Amadou, dont le charisme et l’amour pour le Niger étaient palpables. Dès mon enfance, en tant qu’écolier assistant à un de ses meetings, je percevais la passion qui animait cet homme et l’affection qu’il inspirait à ses partisans, qui continuaient de le soutenir malgré les défis. Quant à Issoufou Mahamadou, l’image souvent critiquée qu’on lui attribuait se révèle trompeuse à bien des égards. Malgré ses défauts, il a contribué à instaurer la stabilité institutionnelle, qui demeure un pilier fondamental pour la construction d’un Niger moderne. Comment peut-on décrier quelqu’un qui, malgré ses erreurs, est respecté dans d’autres pays pour ses réalisations ? Sous le régime d’Issoufou, le Niger a progressé dans plusieurs domaines, notamment l’éducation, avec la démocratisation des universités et l’achèvement du projet pétrolier amorcé sous Tandja. En autre, le coup d’État qui a visé ce président évolué Bazoum fut le résultat d’un conflit interne entre les élites politiques et militaires. Il marqua un tournant en étant le premier coup d’État réalisé sans ingérence extérieure, signalant un regain d’autonomie dans les affaires nationales.
Enfin, au peuple nigérien : seul le pardon pourra nous conduire vers l’unité, la prospérité économique et la consolidation politique et institutionnelle. La bienveillance divine envers le Niger est manifeste, offrant au pays une chance de redéfinir son avenir sur la scène mondiale. Il appartient aux élites politiques et militaires de poursuivre cette entreprise, et aux Nigériens de contribuer activement à ce renouveau que tant de nations envient.
» Il s’agit maintenant de la gagner économiquement
et de l’asseoir politiquement dans le coeur de chacun de nous. Car
l’indépendance ne s’octroie pas ; elle se gagne dans le domaine des réalités, par le
travail conscient de tout le peuple, de toutes les collectivités qui forment la Nation.
Le Niger, j’en suis sûr, saura réaliser son unité nationale par l’union de ses enfants » Boubou Hama
Mouhtar Laouali
Auteur de la démocratie des évolués du Niger