Dans le journal L’Éclosion au Niger, des jeunes ont écrit une lettre demandant au président Tiani de les laisser choisir la date de la transition : “dans un an ou dans dix ans, qu’il en soit ainsi.” L’analyse de la situation au Sahel se concentre désormais sur des structures que l’on peine encore à analyser et à contrôler correctement. Par exemple, si l’on suit les idées de cette personne évoquant “dix ans de transition”, quel serait le but ? Bloquer le Niger sur la scène internationale ou entraver son développement interne ?
La plupart des Nigériens expriment une animosité envers les partis politiques civils, notamment le PNDS. L’adversité politique s’est transformée en haine entre les différents acteurs. Pour certains, si leurs opposants ne peuvent accéder au pouvoir, il vaut mieux laisser les militaires diriger. C’est le comportement typique d’un Nigérien politisé qui base ses propos sur la haine de l’autre.
Les politiciens du Niger ont été réduits au silence dans la sphère publique depuis les événements ayant conduit aux attaques d’individus, parfois armés, contre les partisans de Tarraya à Niamey. Chez les principaux concernés (Tarraya et Lumana), on perçoit une imagination d’une guerre de pouvoir entre eux.
Chacun légitime le président Tiani à des fins politiques. Celui-ci accorde de l’importance à une structure sociale comme le Front patriotique, qui le soutient, tandis que la DCTR cherche à stabiliser le pays différemment. Précisons que le degré de confiance diffère entre ces structures de la société civile.
Le parti majoritaire déchu a préféré la stabilité politique au détriment de l’affrontement avec les militaires et les opposants de Niamey et des autres régions.
Pourquoi empêcher le retour des politiciens ?
Le principal argument est de bloquer le retour des dirigeants politiques, qui depuis plus d’un an ont été réduits au silence.
Les militaires n’ont pas confiance aux élites politiques, qu’ils considèrent comme corrompues, et ne souhaitent pas trahir les soutiens de longue date qui les appuient à Niamey et dans les autres régions.
Les reproches de la société civile et de la population se résument ainsi : “Les élites du Niger sont corrompues, tout comme les militaires, mais au moins, ces derniers volent en cachette.”. Cette réflexion d’une minime partie de la société reflète les désaccords profonds qu’il y a entre les nigériens.
Les acteurs qui s’expriment sur cette situation sont souvent ceux qui avaient alerté sur la situation du Niger via Facebook dans pratiquement toutes les attaques au Niger. Les communicants de la présidence de Bazoum déchus , quant à eux , informent en premier sur les attaques dans le pays désormais,
Qu’est-ce qui empêche réellement le retour des hommes politiques ?
Le général Tiani pourrait dire que c’est une question de temps, mais en réalité, cette transition présente des avantages que seuls un cercle restreint semble comprendre quant à l’avenir du Niger.
Le Niger traverse une phase politico-militaire qui aura des répercussions importantes sur la politique du pays. Si les opposants politiques cherchent à utiliser cette transition pour pousser le CNSP à l’incarcération d’Issoufou Mahamadou, cela n’est pas surprenant, mais pour beaucoup, ce ne sont que des rumeurs de rue. Et si le président Tiani se lance dans ce conflit, il serait alors pertinent de remettre en question sa gestion aux côtés de l’ancien président Issoufou Mahamadou, qu’il a protégé pendant plus de dix ans.
Ce qui est certain, c’est que l’élite politique perçoit un avantage dans ce coup d’État.
Mouhtar Laouali
Auteur de la démocratie des évolués du Niger