Depuis la prise du pouvoir par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) le 28 juillet, une véritable traque s’est mise en place contre les anciens dignitaires du régime déchu au Niger. Le général Tiani et l’armée détiennent à ce jour environ 11 personnalités politiques, parmi lesquelles l’ancien président Mohamed Bazoum et son épouse, qui sont retenus au palais présidentiel depuis le 26 juillet, et non en prison. Le CNSP accuse le couple présidentiel de tentative d’évasion et de trahison envers le peuple nigérien, des accusations pour lesquelles aucun fondement juridique clair n’a encore été fourni.
Parmi les figures politiques actuellement emprisonnées figurent Foumakoye Gado, président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), Hamadou Souley, ancien ministre de l’Intérieur sous Bazoum, Abdou Rabiou, ex-ministre du Plan, Kalla Moutari, ancien député et ministre de la Défense, Alat Magaskia, ambassadeur du Niger au Nigeria, Abba Issoufou, ministre du Pétrole et fils de l’ancien président Issoufou Mahamadou, Ibrahim Yacouba, ministre des Énergies renouvelables, Daouda Marthé, député national, Ahmed Jidoud, ex-ministre des Finances, ainsi que le colonel-major Amadou Guirey, officier nommé par Bazoum. Le colonel Aliou Matani, chef des opérations de la Garde nationale, figure également parmi les détenus.
D’autres personnalités, comme le capitaine Dejejli Ali, chef de la sécurité rapprochée de Bazoum, et Omar Abaldé, jeune leader arrêté pour avoir pris la parole concernant la détention de Bazoum, sont aussi incarcérées. Plusieurs membres des services de sécurité, dont le lieutenant Ibrahim Choucal, le lieutenant Yahaya Moussa et le lieutenant Boulama Nasser, sont également en détention, ainsi que Moussa Issa, Abdou Issa, chef de cabinet de la Première Dame, et plusieurs autres proches du couple présidentiel, dont certains agents de la Direction générale de la sécurité d’État (DGDSE).
Les arrestations massives s’accompagnent d’un nombre important d’exilés politiques, comprenant des proches de Bazoum ayant réussi à fuir le pays avant leur arrestation. Parmi eux, Ouhoumoudou Mahamadou, ancien directeur de cabinet de l’ex-président Issoufou et Premier ministre sous Bazoum, Hassoumi Massoudou, ancien ministre des Affaires étrangères, Alkache Alhada, ancien ministre du Commerce, ainsi que l’équipe technique du président Bazoum. Des généraux, récemment radiés par le CNSP, figurent également parmi les exilés.
Il convient de noter que le coup d’État du général Tiani, bien que méthodique, est le premier à avoir été exécuté sans effusion de sang dans le milieu militaire au Niger. Cependant, ce nouveau régime fait face à de nombreuses menaces, tant internes qu’externes, qui fragilisent sa stabilité.
Abdoul Aziz pour MkL enquête