Le retour des populations militaires du Sahel au pouvoir est synonyme d’incompréhension sur beaucoup de plans. En effet, plusieurs politologues estiment que la crise du Sahel profite aux militaires ambitieux qui désirent prendre le pouvoir par la force et s’installer pour des durées indéterminées. Il faut préciser que ce n’est pas la première fois que les gradés reviennent dans le monde politique africaine. Ce recommencement est dû à une faillite institutionnelle. D’une part, le colonisateur a détruit le dispositif des empires, et d’autre part, l’élite africaine soldatesque et civile est complice de cette stratégie des évolués. Celle-ci est corruptible et n’a jamais pris en compte le renforcement des Administrations. C’est de là que part cette crise des militaires qui se mettent en gouvernement et des politiciens qui sur certains points poussent les militaires à s’emparer le pouvoir parfois pour des intérêts économiques.
De plus, s’attarder sur le fait que la démocratie n’est pas le bon système est biaisée. Ce constat peut simplement se réglementer par une éducation nationale de la République qui consisterait à fournir un programme scolaire solide. Nous pouvons l’affirmer par des données systémiques, les états du sahel ont un problème institutionnel. Par exemple, l’analyse du cas malien est importante. Selon la banque mondiale, le Mali a un « degré d’alphabétisation de 30 % » en 2022. Dans le secteur de l’Énergie, la santé, les infrastructures, l’économie, on y trouve des déficits. Ces mêmes données citées plus haut se retrouvent dans les deux autres états du Sahel à savoir, le Niger et le Burkina Faso. En réunissant les 3 pays de l’AES, on compte au total 17 coups d’État. Tout pour voir encore une fois que le problème de ces états est institutionnel.
C’est quoi une transition démocratique ?
Elle se définit par un processus qui permet le passage d’un régime à caractère dictatorial à une démocratie. Les militaires qui prennent le pourvoir, dans la plupart du temps, ils négocient ou imposent leurs immunités avant de céder le pouvoir. À titre d’exemple ; « Rawlings au Ghana avait imposé des réserves dans la nouvelle constitution, rendant impossibles des procédures de justice sur leurs exactions passées » . Chez les Sahéliens, les militaires changent d’une part la donne de la géopolitique mondiale et nationale et d’autre part, installe un système qui se dit panafricain, mais qui est en réalité un national-socialisme extrême. Sur certains plans, on peut comparer cette idéologie à la catégorie de la gauche radicale en Europe.
De plus, les militaires profitent de cette faiblesse institutionnelle pour s’implanter avec une doctrine plus autoritaire. Au Niger l’abrogation de la loi sur la transparence des marchés publics en février est un recul démocratique. Aucune commission ne contrôle les transactions du CNSP et de son gouvernement surtout dans le domaine de la défense.
Aussi, l’ordonnance qui constitue l’introduction du CNSP prévoit l’installation d’une cour de comptes. Jusqu’à présent, le Niger n’a pas de feuille de route ni de conception des organismes demandés et écrits dans les articles comme le Conseil national du Dialogue. Ce n’est qu’une illustration avec le Niger, au Mali et au Burkina Faso, les militaires refusent de remettre le pouvoir et leurs promesses ne sont plus synonymes de quelque chose pour les organisations internationales. Le Mali a créé un mini parlement législatif (CNT) qui se réfère plutôt à un organe illégal où personne ne peut dire exactement si c’est légal.
In fine, la question des transitions miliaires s’efface au profit des régimes qui s’assument et qui ont des ambitions tout à fait politiques. Une transition est censée régler les différends de la société et permettre un retour à la normale dans le plus bref délai. Cela dit les militaires exercent dans un plan de mandat politique avec une légitimité obtenue par la montée de l’incertitude politique et de l’instabilité des institutions internationales à cause de la guerre en Ukraine ou encore en Palestine. La case de la souveraineté a toujours été annoncée chez les précédents militaires qui ont pris le pouvoir dans ces états du Sahel. Il faut le dire, croire à une construction du peuple sans tous les fils n’est rien d’autre qu’une frustration politique et une offre politique pour les nouveaux arrivants.
On peut le dire, certains politiciens dans ces pays contribuent efficacement à effacer leurs rivaux politiques. À l’instar de Choguel Maiga, l’incohérence de ces discours lui retire sa légitimité politique. En ce qui concerne la population sahélienne, elle a toujours vécu dans des dispositifs autoritaires civils et militaires et tout ce qu’ils veulent c’est un sauveur. En outre, la lutte africaine est-elle contre le monde entier ou bien contre les évolués qui constituent un système clanique dans tous nos institutions ?
Par Moctar Laouali