« Des actes de trahison ont été nombreux. J’ai officiellement pris mes fonctions de président le 7 juin 2021. Deux jours plus tard, l’ambassadeur de France au Mali de l’époque m’a présenté des documents suggérant que le Mali devrait accueillir une base de l’OTAN, en complément des opérations Barkhane, Takuba, G5 Sahel et Minusma. Nous avons refusé cette proposition, craignant qu’elle ne conduise à une division du Mali et transforme le pays en une source d’exploitation. Malgré leur insistance, nous avons fermement décliné.
Cette situation nous a amenés à nous interroger sur l’intérêt particulier de la France pour le Mali. Une enquête au sein de mon cabinet sur notre accord de défense avec la France a été lancée pour élucider leur comportement. Malheureusement, cet accord était introuvable, ni à Koulouba, ni aux ministères des Affaires étrangères ou de la Défense. C’est finalement sur leur propre site internet que nous l’avons découvert. À notre surprise, un protocole additionnel avait été ajouté à l’accord, donnant à la France carte blanche sur nos terres.
Nous avons donc minutieusement analysé ce document, déterminés à protéger les intérêts de notre nation. Nous avons découvert de multiples incohérences, notamment le fait qu’en cas de meurtre d’un Malien par un Français, seules les autorités maliennes étaient jugées responsables. De plus, nous n’avions pas le droit de superviser leurs actions, tandis qu’ils avaient un contrôle total sur le nord de notre pays.
En conséquence, nous avons travaillé avec le gouvernement pour proposer des alternatives plus avantageuses pour le Mali. Lors du sommet du G5 Sahel, nous avons abordé ces questions avec le président français. Ils envisageaient alors de se relocaliser vers la zone des trois frontières, ce que nous avons refusé. Nous avons insisté sur le fait qu’un accord nous liait et que toute modification de leur présence devait être communiquée pour que nous puissions nous organiser.
Il est devenu évident que la France avait un agenda différent du nôtre, souhaitant probablement que nos ennemis reprennent le territoire après leur départ. Nous avons exigé de négocier les termes de leur retrait, mais ils ont rétorqué que leur présence ne se poursuivrait que là où leurs intérêts étaient assurés.
À partir de là, nous avons pris la décision de réviser l’accord de défense. Ils ont accepté et depuis, il a été stipulé qu’aucun militaire de Takuba n’interviendrait au Mali au nom de la France. Les pays souhaitant participer devraient le faire à leurs propres frais et, une fois sur place, nous discuterions d’un éventuel accord. En l’absence de consensus, ils seraient invités à repartir.
Il est crucial de comprendre que Barkhane, Takuba, Minusma et le G5 Sahel étaient tous dirigés par la France. Ainsi, avec leur départ, ces forces ont également quitté le Mali. L’amendement de l’accord a pris du temps, mais ils sont finalement partis. Par la suite, la France a tenté de monter d’autres pays contre nous, mécontents que nous ayons exigé leur départ immédiat. » C’est ce que le colonel Assimi Goïta a déclaré lors de la présentation de ses vœux aux autorités coutumières et religieuses à Koulouba.
Malick Konate