Sur certains plans socio-politiques, c’est insensé de faire la promotion du militaire sauveur, sans comprendre que mettre le militaire dans toutes les positions stratégiques du pays créent un déséquilibre des institutions civiles et militaires. À chaque fois dans notre histoire, on se retrouve avec des Coups d’État qui sont d’ailleurs parfois injustifiés. Ce n’est pas que la faute des civils si le pays n’avance pas, les militaires sont aussi responsables devant la loi !
A-t-on besoin d’un Coup d’État pour changer une constitution ? Non, le seul problème du Niger est le manque de culture politique et démocratique. D’ailleurs, chaque régime élu, peut modifier ou renforcer la constitution sans faire un Coup d’État. Aujourd’hui, le sahel se dit révolutionnaire et dans ces pays, les règles de libertés disparaissent petit à petit au détriment d’une seule idéologie : Soit on suit, soit on vous enferme.
Une certaine population préfère accorder du temps à des militaires sans parfois réfléchir à ce déséquilibre qu’elle installe et à la frustration que cela engendre quand les militaires se sentent puissants pour piétiner toutes les règles qui mettent en avant l’équilibre politique et militaire. Il suffit de regarder l’histoire du Niger, la culture du Coup d’État fait partie de la nation. On est au 5ᵉ Coup d’État dans le pays et si on regarde les historiques des autres pays du sahel , eux aussi sont avancés dans la culture d’interruption des régimes civils.
Les idées neuves de la cité, ce sont les partis politiques qui amènent et se battent pour le pouvoir suprême. Il est donc important de ne pas enseigner à la population que seul un militaire peut diriger ce pays, le Niger regorge des intellectuels qui ont des visions politiques pour la société. Le militaire doit rester dans sa culture de défendre la constitution du peuple et ses idéaux. Sans cela , il y aura toujours une méfiance du politique envers le militaire.
Pointons aussi , la lassitude de notre système judiciaire qui penne à s’installer correctement. La raison est toute simple, c’est instrumentalisation que les présidents civils et militaires font de la justice nigérienne. Pour une juste libre , il est grand temps de réduire l’influence du Chef d’État au conseil supérieure de la magistrature.
Personne ne peut avoir les mêmes convictions , mais ce qui fait justement la cité, c’est la compétition que vont mener ces partis pour arriver au pouvoir.
In fine, Dans le sahel, on veut donner du temps à des militaires au détriment du civil qu’on considère comme incompétent. Pourtant, le militaire n’a-t-il pas été civil avant d’être militaire ? C’est qu’il faut dans le sahel , c’est la prise de conscience d’une culture démocratique. Il faut enseigner les règles démocratiques à des concitoyens pour éviter la dérive autoritaire. Selon moi, nous avons tendance à faire trop d’anachronisme dans nos analyses et ce qui fait peur, ce sont certains intellectuels nigériens qui appliquent des confusions sur les époques. Le Niger doit choisir entre l’autocratie, la démocratie ou encore créer son propre système politique.
Moctar Laouali
Auteur de la démocratie des évolués du Niger.
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