Dans mon ouvrage, » la démocratie des évolués du Niger » je me posais justement la question de savoir si les régimes autoritaires ne sont guère la préférence des Nigériens au détriment d’une démocratie qui est devenue pour certains un système de manigance et d’appauvrissement.
En effet, ce n’est pas nouveau de voir une telle apparition des militaires sur la scène politique à des moments cruciaux de l’histoire africaine. Dans les années 1970, certains régimes miliaires dictatoriaux n’ont pas réussi à améliorer la situation économique et sociale des Africains et de même avec l’installation de la démocratie à l’approche des 1990.
En résumé, on se retrouve avec deux constats : un rejet total de la démocratie pour certains – et une préférence totale d’une partie de la population pour des régimes militaires.
L’arrivée du Coup d’Etat du 26 juillet 2023 au Niger.
L’histoire politico-militaire du Niger a toujours eu une suite logique d’incursion de l’armée dans le pouvoir politique :
– de 1960 à 1974 Hamani Diori a été installé à l’issue d’un vote de l’assemblée et surtout au projet de la France pour effacer complètement le mouvement swabiste au Niger de Djibo Bakary.
– de 1974 à 1987 Seyni Kountché, est arrivé au pouvoir en 1974 en évoquant une crise alimentaire et est restée jusqu’à sa mort. Pour rappel , il avait le soutien de la France et l’armée a essayé à plusieurs fois des tentatives de Coup D’Etat pour le renverser.
– De 1987 à 1993 Ali Saibou déclenche la libération des politiques et se fait renverser démocratiquement à cause notamment d’un ralliement des démocrates du Niger pour protester contre la dictature militaire.
– De 1993-1999 , le premier président démocratiquement élu Mahamane Ousmane se fait renverser en 1993 à cause de plusieurs conflits politiques. Le pays était ingouvernable.
– De 1996-1999 , le général Baré Mainassara a dirigé le Niger et lui aussi se fait assassiné par une partie de l’armée dirigée par Daouda Wanké
– De 1999-2010, Mamadou Tandja se maintient et finit par se faire renverser par Salou Dijbo pour restaurer la démocratie.
– De 2011 à 2021 : le régime de Tarraya sous Issoufou Mahamadou qui a réussi à faire 10 ans sans se faire renverser.
– De 2021 à 2023, l’actuel président déchu Mohamed est renversé par une la garde présidentielle et un ralliement de l’armée qui soutient le putsch et installe le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (le CNSP)
Ainsi , si on suit la chronologie politico-militaire de la gouvernance nigérienne, l’armée a toujours été le moteur décisionnel dans le système politique nigérien. Le politique n’a jamais eu assez de temps pour exposer sa politique au Niger.
D’une part , une certaine population veut donner plus de temps aux militaires,d’autre part , le politicien est rejeté dans le monde politique à cause notamment de sa qualification d’homme corrompu.
Dans la petite démocratie que les nigériens ont eu , tant dans le parti-unique MNSD et le PNDS , des voix se sont levées pour protester contre le système politique démocratique. Un camp est toujours négligé pendant la gouvernance des démocrates.
Les urnes ont toujours été truquées dans pratiquement chaque élection au Niger.
Le renversement du pouvoir au Niger est-il idéologique ?
De mes analyses , je dirais non , ce coup d’Etat a eu le soutien de la population à cause de plusieurs facteurs :
– La pauvreté
-la corruption
-le népotisme
-Mauvaise gouvernance
Ce n’est que par la suite que des facteurs idéologiques ont vu le jour après le deuxième jour du coup d’Etat et la confirmation d’une prise de pouvoir du CNSP.
Les mouvements qui ont été privés de paroles pendant 13 ans se sont précipités pour sortir et rallier le combat.
Le changement de Paradigme ou un retour en arrière ?
L’Europe ne sait jamais excusée pour le mal qu’elle a fait aux Africains pendant la colonisation et de son incursion dans les régimes politiques et militaires du Niger ou en particulier de l’Afrique.
Le regard de l’occident est complètement erroné sur les Africains.
Le continent noir en veut surtout à la France et à l’occident d’être les principaux responsables de plusieurs choses dans les anciennes colonies françaises :
– La destruction de la culture des empires africains pour installer leur culture
– La non-connaissance des populations africaines
– La France n’a jamais présenté publiquement ses excuses pour tout le mal qu’elle a fait aux Africains.
– La France profite de nos ressources naturelles.
– La France bloque notre développement avec leur soi-disant aide qui ne profite pas à tout le peuple.
– La France installe des régimes pro-français pour assouplir sa domination.
Pour résumer tout, Les États africains, colonisés par la France, veulent s’affranchir avec les politiques françaises qu’ils qualifient « d’impérialisme » pour enfin sortir de tout cela pour se développer.
La démocratie est considérée pour certains Africains tenants du panafricanisme comme un échec. Ils expliquent cela par le taux de corruption et de trucage pendant le vote. En un mot, leur choix n’est jamais respecté. Quitte à continuer comme ça, il vaut mieux une dictature qu’un régime instable comme la démocratie.
Enfin, certaines causes défendues sont légitimes mais d’autres sont fausses. Pour moi , l’Africain doit arrêter de se plaindre et commencer à rectifier son histoire dans le respect et la considération de tout le monde. Aussi, il sera pertinent de surveiller le courant panafricanisme pour comprendre le degré d’installation et de revendication pour l’Afrique. Ces tenants de ce courant disent libérer l’Afrique de l’impérialisme et de la colonisation ,mais collaborent avec d’autres impérialistes pour légitimer leur combat.
Malgré mon opposition contre toute prise du pouvoir par les armes , je pense que dans le contexte que nous sommes , l’Occident doit accompagner ces transitions et voir ce qu’ils pourront apporter à la population.
Paur Moctar Laouali , auteur de la démocratie des évolués du Nuger : http://La démocratie des « évolués » du Niger : de l’A-O-F à la conférence nationale Souveraine de 1991 Partie 1 https://amzn.eu/d/3FhR0Gi