Voici la réalité des chiffres de l’uranium du Niger et des sites

C’est cette page qui est responsable de la désinformation sur notre pays .

La première publication

1 – La publication effectuée sur Facebook a commencé à être virale à partir du 24 avril 2022 après avoir été repris par des profils populaires.

Il est indiqué que le Niger produit : « 43 000 tonnes d’uranium par an ». Mais selon les données disponibles, consultables sur le site du plus grand groupe d’exploitation d’uranium au Niger, le français Orano et de nombreux articles de presse, ce chiffre est très loin de la réalité.

Ainsi comprenons d’abord quelle sont les sites de production Niger. En marche ou en arrêt ?

1 – La première nommée Somaïr ou Société des Mines de d’Aïr exploite la mine à ciel ouvert de l’Aïr. Elle est détenue à 63,4 % par Orano et à 36,66 % par l’Etat du Niger à travers la SOPAMIN (Société du patrimoine des mines du Niger). Ce site à ciel ouvert à une capacité de production de 2000 à 2500 tonnes d’uranium par an et depuis le début de l’exploitation en 1971, il a réalisé une production de de 70 000 tonnes.

2 – La deuxième, c’est Cominak, mine d’uranium souterraine. Elle est détenue à 59% par Orano et 31% par l’Etat du Niger. En 47 ans d’exploitation, elle aura produit 75 000 tonnes d’uranium comme on peut le lire sur le site internet du groupe. Soit environ une production annuelle de 1000 à 1500 tonnes. Le site a été fermé en mars 2021 en raison de l’épuisement des ressources.

3- Le Projet Imouraren, la mine de demain est la troisième filiale. Pourquoi projet ? Parce que ce site n’est pas encore en exploitation. « Situé à 80 km au sud d’Arlit et à 160 km au nord d’Agadez, ce gisement découvert en 1966 contient des réserves parmi les plus importantes au monde. A l’issue d’une étude de faisabilité achevée fin 2007, Orano a obtenu début 2009 un permis d’exploitation du gisement. Les travaux pour la mise en production du site ont été suspendus et le site a été mis « sous cocon » en 2015 dans l’attente de conditions de marché plus favorables. La société d’exploitation est détenue à 66,65% par Orano et à 33,35 % par SOPAMIN et l’État du Niger, peut-on lire sur le site du groupe français.

Dans tout cela , il y a q’un site actuellement en actualité :


Celui de Somaïr dont la capacité de production annuelle est estimée entre 2000 et 2500 tonnes. Et même dans une configuration où la mine de Cominak était encore en exploitation, si l’on additionne la production annuelle des sites de Somaïr et de Cominak, l’on est entre 3000 et 4000 tonnes.

Quel est le coût de l’uranium sur le marché international ?

Sur le coût de vente de l’uranium, la publication avance deux chiffres. Il est mentionné que l’uranium est vendu par le Niger à 43 000 FCFA le kilo alors que sur le marché international, « le kilo du dioxyde d’uranium est à 128 000 000 FCFA ». Autrement dit, le Niger vend le kilo de l’uranium à la France 2 976 fois en dessous du prix sur le marché international. Évidemment c’est énorme. Mais d’abord, il faut utiliser les bons termes. Sur le marché international, l’uranium n’est pas vendu en « Kilogramme » mais en « Livre ». C’est l’expression employé par les professionnels du milieu. Et le livre

Selon cet article publié le 10 septembre 2021 de l’agence d’information économique agenceecofin.com, l’uranium se « négociait en novembre 2016 à 18,1 dollars/livre et a stagné entre 25 et 30 $/livre pendant plus de cinq ans, le prix de l’uranium franchissait de nouveau le cap des 30 dollars (34 dollars) en mai 2020 ». 30 dollars soit 17 000 FCFA. Là encore, loin, très loin des 43 000 FCFA le kilogramme d’achat par le France et encore à des années lumières des « 128 000 000 FCFA le kilo du dioxyde d’uranium » sur le marché international.

Et combien rapporte l’uranium ?

Selon le rapport 2016 de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), cité dans cet article de agenceecofin.com, le Niger a exporté 4099 tonnes d’uranium en 2014. En termes de valeur, ce volume représente 245 milliards de francs CFA. En 2013, le Niger avait exporté 4382,44 tonnes d’uranium pour des recettes totales de 302,8 milliards de francs CFA. Selon le site d’informations SIKA Finance citant la BCEAO, « l’uranium au Niger a enregistré une recette de 145,7 milliards de FCFA en 2020 contre 128,4 milliards de FCFA en 2019. » Très loin encore des 5 504 milliards par an comme l’affirme cette publication sur Facebook.

Bien que les chiffres avancés dans la publication soient surréalistes, elle a été largement relayée et la majorité des commentaires sont des réactions d’indignation, d’adhésion à la thèse de la publication, sans aucune remise en question. Pourtant, même ceux qui ont relayé la publication dans les premières heures sont incapables de dire d’où ils la tiennent ou encore d’expliquer sur quoi se base les chiffres qu’ils avancent. Des éléments qui amènent à s’interroger sur l’objectif de ce genre de la publication que, grâce à cette vérification, nous sommes en mesure de qualifier de mensongère. Ce mensonge est-il pour autant intentionnel, volontaire ?

À la lumière de cette vérification, chacun pourrait se faire une opinion sur le caractère intentionnel ou non de cette publication mensongère.

Traoré Bakary

MKL avec https://eburnietoday.com/lexploitation-de-luranium-au-niger-rapporte-t-elle-plus-de-5-000-milliards-de-fcfa-par-an/amp/

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