Il fut un temps où l’histoire de l’Afrique se discute à l’Assemblée française. On parle de tout, et même de ce fameux plaidoyer du général Mangin pour préparer et faire de l’Afrique Noire « le réservoir de la puissance française de demain ». L’Allemagne, autrefois une puissance impérialiste, crie au scandale en disant que « c’est une honte pour une nation qui se dit civilisée d’opposer des sauvages à des hommes civilisés.»33. Cette Afrique noire, du moins, si nous nous reprenons le terme « des sauvages » est celle qui participa à la liberté de l’Occident, mais que l’Histoire mondiale négligea dans ses livres. L’Africain doit s’imprimer de cette réalité et être fier d’avoir écrit cette libération du monde civilisé. Selon les conclusions de Marc Michel, l’A-O-F va recruter massivement pendant toute la guerre. On estime à « 200 000 les contingents sous drapeaux pendant la Grande Guerre dont 135 000 combattirent sur
le front européen et en Orient»34. En matière de représentativité en moyenne, c’est « une proportion de 1,30% de la population (1,73% pour le Sénégal et 1,70 % pour le Haut Sénégal et Niger). »35. C’est un fait de l’histoire, « les tirailleurs sénégalais » furent recrutés sur place pour combattre pendant les deux guerres mondiales. Certains d’entre eux ont contribué même à l’achèvement de la conquête française sur le continent africain. L’intérêt pour que l’Afrique devienne libre n’a jamais traversé l’élite française et politique. Pourtant, la fin de la deuxième guerre mondiale va être un tournant pour ce continent qui développe de plus en plus son envie de se détacher du colon pour construire une Afrique libre et souveraine.
La paix, pour les africains, revient avec un goût amer, pour ceux qui ont combattu un monde qui n’était pas le leur. Les tirailleurs sénégalais servent dans la guerre en Europe de façon directe et indirecte. Directe, car des contingents africains combattront en première ligne avec les soldats français et indirecte dû à la participation de ces contingents pour ravitailler les soldats au front.
Contextualiser toute l’histoire des « tirailleurs sénégalais » peut même se révéler fausse pour certaines personnes, car peu d’archives décrivent leurs existences pendant les deux Grandes guerres. Peut-être, que si la France a suivi les théories de Mangin sur la force noire parues en 1910, l’Afrique ne serait jamais libre et souveraine. Celui-ci explique notamment que « les troupes noires possèdent de remarquables capacités manœuvrières, en réalité acquises naturellement chez des hommes vivant en pleine nature »36.C’est un fait, l’homme noir s’adapte très rapidement à son l’environnement, résiste partout où le destin de Dieu l’amène, malgré le peu qu’il a eu où qu’on lui ait appris. De même, l’impérialisme, tant qu’il a subi durant des siècles, a en réalité effacée sa propre leçon de la vie. L’africain eut son histoire africaine, son empire que l’Histoire mondiale peine à accepter.
Les savoirs de nos sages sont les dictionnaires que nous n’avons pas pu avoir le temps de réécrire dans les livres africains, mais chacun de nous possède une vieille histoire de nos ancêtres qui nous racontèrent comment les blancs conquièrent les terres africaines. La colonisation avec ce projet de civilisation supérieure occidental s’avère fausse comme le précisa Hannah Arendt. Rajoutons que nous constatons toujours un rejet de ce projet de civilisation de l’Occident en Afrique. L’africain trône sa tradition et peine à rejoindre totalement le monde libre. Enfin, nous pouvons dire que la politique libérale de 1989 contribue énormément à une désacralisation du peuple africain. Cet avènement d’un système idéologique démocratique non connu de l’entièreté de la population africaine entraînera des conséquences dans les décennies à venir de l’après indépendance des États africains. Il est important de le préciser, et de se questionner sur la démocratie dans des systèmes imprimés, des régimes autoritaires et des dysfonctionnements du système de la démocratie représentative défendue par les leaders africains.
Bref, ce qui me questionne de plus en plus est les effets des régimes autoritaires sur un peuple qui arrive à peine à prendre le chemin de la démocratie. Selon mes recherches de 2017, on constate au Niger, une non-connaissance de la démocratie, des effets souvent autoritaires dans la manière dont la population réfléchit. L’hypothèse la plus plausible à cette question est la conception d’un monde à partir des systèmes autoritaires parfois appréciés des africains eux-mêmes. Comme le disait Max Weber dans son concept sur l’action sociale, les actions traditionnelles arrivent à s’assimiler pour finalement devenir naturelles chez les personnes. De surcroit, la tradition devient un automatisme et parfois même stop la réflexion intellectuelle. Ainsi, les individus qui procèdent une certaine traditionnelle ont du mal à comprendre la culture et les coutumes des autres nations.
Par Moctar Laouali
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Nom : Alkoumett Alkassoum
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