Aujourd’hui, plus que jamais, le Niger doit se tourner vers la réconciliation. Nos élites politiques et militaires doivent mettre de côté leurs ego et collaborer pour structurer durablement ce pays. Sans une paix véritable entre elles, le Niger continuera de faire face à des crises, aussi bien aujourd’hui que demain.
Un président détenu dans l’oubli
Depuis plus de 15 mois, Mohamed Bazoum, président démocratiquement élu, est détenu dans le palais présidentiel. Cette situation, anormale et alarmante, semble pourtant laisser indifférente une grande partie des Nigériens, que ce soit à Niamey ou dans les régions de l’intérieur. Aucune image, aucun signe de vie de lui ou de sa famille n’ont été communiqués durant cette période.
Et pourtant, quoi qu’il advienne, il est impossible de nier ni l’amour qu’il porte à son pays, ni la popularité qu’il a su construire en seulement deux ans de gouvernance. Face à cette injustice, ses fidèles, bien que prêts à tout pour lui, respectent sa volonté. Dans son dernier message, Bazoum a affirmé avec courage : « Les acquis obtenus de haute lutte seront sauvegardés. Tous les Nigériens épris de démocratie et de liberté y veilleront. »
Un président proche du peuple, oublié par intérêt
Mohamed Bazoum a marqué son mandat par sa proximité avec les citoyens, se déplaçant dans les régions les plus reculées pour aller à leur rencontre. Il a ouvert les portes de la présidence au peuple nigérien, une initiative rare qui témoignait de son respect pour la population.
Sa gouvernance était également marquée par des réformes courageuses, notamment dans la lutte contre la corruption. Il avait décidé que l’achat d’armes ne passerait plus par des intermédiaires, confiant cette tâche à l’attaché de défense. Il a placé une nouvelle génération à la tête de l’armée et n’a pas hésité à faire emprisonner des membres de son propre parti pour montrer son engagement envers la justice. Cependant, ses actions, particulièrement contre les pratiques corruptives des élites militaires, lui ont valu l’hostilité de certains, aujourd’hui considérés comme des intouchables.
Un appel au pardon et à la réconciliation
Ce texte ne cherche pas à idéaliser Mohamed Bazoum ni à affirmer qu’il fut un président parfait. Il s’agit de reconnaître son engagement et son respect pour le peuple nigérien. Aujourd’hui, la vérité est occultée par des intérêts égoïstes, des complots et des luttes de pouvoir, réduisant un homme d’État à moins que rien.
Au nom de Dieu et pour le bien du Niger, il est impératif de comprendre que le pardon est la première étape vers la paix. Sans pardon, il n’y aura ni réconciliation ni progrès. Nous devons dépasser nos divisions, abandonner la haine et la jalousie, et construire ensemble un avenir d’unité et de prospérité.
Un message pour l’avenir
Il est temps de se lever, de tendre la main, et de bâtir un Niger nouveau. Que ce message résonne dans le cœur de chaque Nigérien : l’unité et le pardon sont les clés de notre survie collective.
In fine , dans l ouvrage » la démocratie des évolués du Niger « Mouhtar Laouali a eu à expliquer ceci » le récit politique effectué par les civils ne compte que 4 (IV, V, VI, VII) constitutions de la République. Les présidents militaires légitiment leur pouvoir dans des institutions faibles et à chaque fin d’un régime, ils demandent l’amnistie sur toutes les affaires durant leurs transitions ou même leurs mandats politiques. Il est pratiquement impossible pour les dirigeants civils du Niger de toucher les dossiers politico-militaires des régimes d’exception. De même, ils se forment dans une propagande soutenue par une population qui cherche un monde juste dans un environnement où le gros défi du pays reste institutionnel.
Je laisse cette question d’amnistie constitutionnelle en suspens et je réitère ceci : c’est officiel, avec ce coup d’État contre Bazoum, la théorie d’instabilité institutionnelle se confirme, le Niger ne pourra avancer que dans des organes démocratiques et solides. Selon moi, pour qu’on arrive à la structuration sociétale du pays, il faut séparer le politicien de l’armée et le militaire du politicien. Sans cela, sans une gouvernance politique prévoyante, le Niger aura du mal à édifier ces institutions. »
Mouhtar Laouali
Auteur , analyste politique et militaire et technicien en Informatique.