Au Niger, le silence face à l’injustice est devenu une habitude. Si l’on interroge un Nigérien sur la raison pour laquelle des pères de famille sont séquestrés pendant plus d’un an sans justification rationnelle, on vous répondra que c’est normal : « On l’a fait aux autres, ils doivent payer aussi. »
Depuis l’indépendance, tous les présidents du Niger ont usé de pratiques injustes, allant de la disparition forcée à la séquestration. Seyni Kountché, par exemple, a mis en place une police politique pour traquer ceux qui s’opposaient à lui. Quant à Hamani Diori, il a persécuté les partisans de Djibo Bakary, en raison de l’influence de ce dernier et de son adhésion au communisme, alors qu’il aurait dû devenir le premier président du pays.
Aujourd’hui, au Niger, la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGDSE) procède à des enlèvements en pleine rue sans explication. Les victimes sont ensuite maltraitées pendant plusieurs jours. Si nous devons aspirer à un monde juste, le pardon doit être notre première quête, car sans cela, rien ne changera.
Un Pouvoir Concentré et un État sous Contrôle
Nous sommes confrontés à un président qui gouverne seul avec le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Les ministres, quant à eux, ne sont responsables que devant lui, et non devant le peuple. Théoriquement, la transition n’a pas encore véritablement commencé et le général Tiani n’a pas encore mis en place toutes les institutions du pays. Ma préoccupation majeure est la création d’un organe civil et indépendant pour contrôler les décisions des gouvernants.
Actuellement, la constitution confère un pouvoir présidentiel étendu à notre président. En réalité, seuls la Présidence et le CNSP dirigent le pays. Tout le monde en est conscient.
Un Appel à la Diaspora Resté Lettre Morte
Plus d’un an après le coup d’État, tout le monde semble avoir accepté la situation. Dans son dernier discours, le président Tiani a appelé la diaspora à contribuer à la reconstruction du pays et à apporter des idées nouvelles. Pourtant, nous sommes en septembre et rien n’a encore été fait. Comme il aime le dire, « c’est le bon moment qu’il faut chercher. »
Est-ce cela le combat pour la souveraineté ? Cette souveraineté n’est pas véritablement inclusive. Ceux qui ne partagent pas la vision du système en place sont considérés comme des ennemis, tandis que ceux qui disent « oui » à tout sont appréciés, notamment sur tous les dossiers d’État.
Un Appel à la Justice et à la Vérité
Personnellement, je n’ai rien contre M. Abdourahamane Tiani, mais l’Histoire retiendra cette énième interruption de notre système politique. En tant que président de mon pays, vous êtes tenu de produire des résultats. Je le répète : ce sont vos ministres, mais vous êtes notre président.
Vous occupez ce poste sans investiture, et comme notre religion sacrée nous y invite, nous vous donnerons notre obéissance, mais jusqu’à quand ?
Je le dis sincèrement, les vrais héros sont ceux qui refusent l’injustice. Ceux qui sont actuellement en prison ne sont pas encore des criminels. Laissez la justice faire son travail et les condamner si nécessaire.
Mon ami Omar Albadé est un jeune ambitieux, actuellement en prison pour avoir manifesté son opposition à vous.
Un État en Crise Économique
La situation économique du pays est catastrophique, et jusqu’à aujourd’hui, nous faisons face à un pays cruellement en manque de stabilité et de crédibilité. La fermeture de la frontière avec le Bénin nous a coûté cher.
Ces 12 derniers mois, il y a eu quelques avancées dans l’internationalisation du Niger. Vous avez dénoncé la « démocratie de façade », mais quelle est votre proposition de système ?
Vous avez, bien sûr, proclamé que le Niger n’avait pas besoin d’aide et avez chanté la souveraineté aux Nigériens. Mais disons aussi la vérité : récemment, il y a eu un décaissement du FMI pour soutenir principalement le fonctionnement de l’État.
Le choc pétrolier pourrait être une bénédiction, mais le choc climatique fait des ravages chez nous. Nous avons toujours une économie à court et moyen terme. Les plus riches en profitent, les autres en souffrent.
Ce nouveau retard est imputable aux militaires et aux élites du Niger.
Un Jugement Historique Inévitable
L’Histoire jugera, et chacun devra rendre des comptes devant Dieu.