Un journaliste sénégalais a été inculpé pour «outrage à magistrat» et «diffusion de fausses nouvelles»

Un journaliste d’une télévision privée sénégalaise a été inculpé pour «outrage à magistrat» et «diffusion de fausses nouvelles» et écroué mardi soir, a appris l’AFP mercredi auprès de son avocat.

Pape Ndiaye, chroniqueur à Wal Fadjri, avait récemment mis en cause l’indépendance de la justice dans le renvoi le 18 janvier devant une chambre criminelle de l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viols par une employée d’un salon de beauté.

Une affaire source de tensions

Le journaliste avait notamment affirmé que la majorité des juges du parquet général s’étaient prononcés en faveur d’un non-lieu de Ousmane Sonko, contre l’avis, selon lui, du procureur général qui leur a dit accomplir dans ce dossier la volonté du gouvernement pour un procès de l’opposant. «Les informations (sur l’inculpation et l’incarcération de Pape Ndiaye) sont exactes», a déclaré mercredi à l’AFP Moussa Sarr, son avocat, confirmant des informations livrées par la Coordination des associations de presse (CAP), une confédération syndicale.

Les charges retenues contre le journaliste sont «provocation d’un attroupement, outrage à magistrat, intimidation et représailles contre membre de la justice, discours portant du discrédit sur un acte juridictionnel, diffusion de fausses nouvelles, mise en danger de la vie d’autrui», selon Me Sarr. L’affaire Sonko est source de tensions depuis au moins deux ans au Sénégal. L’opposant a été inculpé pour viols et menaces de mort et placé sous contrôle judiciaire en mars 2021, sur plainte de l’employée du salon de beauté où il allait se faire masser. Il dénonce un complot du pouvoir pour torpiller sa candidature à la présidentielle de 2024.

Pape Ndiaye est le deuxième journaliste incarcéré ces derniers mois au Sénégal après celle de Pape Alé Niang. Ce journaliste du site d’informations Dakar matin, critique du pouvoir, a été arrêté deux fois en novembre et décembre pour notamment «divulgation d’informations de nature à nuire à la Défense nationale» et «diffusion de fausses nouvelles», également autour de l’affaire Sonko. Il est depuis sous contrôle judiciaire. Le Sénégal figue à la 73e place (sur 180) de l’édition 2022 du classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF).

MKL avec AFP.

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